Les fantômes

Tout comme les vôtres, mon téléphone regorge de fantômes en tout genre. Est-ce que vous voyez de quoi je parle ?

Il y a les morts bien sûr qui se rappellent à nous : les réseaux sociaux vous rappellent leurs anniversaires, vous avez gardé l’historique de vos échanges Whatsapp, voix incluses, leurs photos apparaissent lorsque vous vous décidez enfin d’archiver l’année 2020… Et mon père est encore dans mes contacts favoris alors que ça fera bientôt trois ans que les numéros sonnent non attribués (à moins que ce ne soit un fantôme avec des pouvoirs magiques ; demain j’essaie !).

Et puis il y a les vivants. Ceux qu’on ne voit plus, à qui on ne parle plus, mais à qui on laisse comme un droit de regard sur notre vie. C’est cette personne, que tu voyais régulièrement, avec qui tu as passé une partie de tes étés de jeunesse, de tes fêtes d’anniversaire et de tes après-midi bistrot à jouer au tarot avec la bande. Elle est dans un groupe WhatsApp de la dite bande depuis sa création en 2016 (Vindieux, organisons une fête pour ses dix ans !). Elle n’a plus donné de nouvelles du jour au lendemain – il se trouve que le jour en question, ou était-ce le lendemain, j’ai annoncé ma première grossesse ; dois-je le prendre personnellement ? Depuis cinq ans, elle lit tous les messages – forcément, on a vérifié -, fait partie de nos conversations lorsqu’on se voit sans elle – mais que devient-elle ? -, hante nos albums photos et a même le droit à une petite pensée le jour de son anniversaire… alors qu’elle a disparu. Un fantôme de compétition !

On aurait pu s’attendre à ce qu’elle quitte le groupe, lasse d’avoir des nouvelles de ses ex-amies. Ou qu’elle réapparaisse avec une excuse bidon : oups, désolée la bande de meufs, la conversation était en silencieux [emoji petit singe qui met les pattes devant sa bouche]. Peut-être s’attend-elle à ce qu’on la supprime un jour du groupe – mais qui a le droiiiiit d’faire çaaaaaa – ou qu’on en crée un, parallèle, sans elle : La bande de meufs moins la meuf qui a quitté la bande ?

En attendant, peut-être qu’un jour ce sera le retour du fantôme prodigue : elle se sera fait plein d’amis mais pas aussi cool que nous, on fera la fête ensemble, on jouera à la belote parce qu’on aura toutes des cheveux blancs et on dansera sur une version unplugged (comprenez : pour les daronnes) de Christophe Maé parce que c’est con le bonheur, ouais, car c’est souvent après qu’on sait qu’il était là.



Publié

dans

par

Étiquettes :

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *